E103: Jeudi 12 mai // Redmond – Big Rock Candy Mountain

Reprise de la course aux abords de Salina. Aujourd’hui s’annonce comme une journée chaude, et la preuve en est : il n’est même pas 8 heures que René est déjà en short. Et comme dit le proverbe « lorsque de bon matin, le vieux poulet bressan fait tomber le bas, soyez-en certains, c’est l’hiver qui sonne son glas ».
On remarque de plus en plus de messages écrits en espagnol ici. Il faut savoir qu’aux Etats-Unis, l’Espagnol est la deuxième langue parlée de tout le pays (par 37 millions de personnes environ). Et nous ne sommes pas très loin du Nouveau-Mexique, qui est est le seul état à avoir –officieusement- l’espagnol comme langue officielle, au même titre que l’anglais.
Néanmoins nous n’irons pas au Nouveau-Mexique. Mais nous ne passerons pas très loin de ce qu’on appelle le Four Corners. C’est le seul endroit sur tout le territoire étatsunien où quatre états convergent en un point précis : à savoir l’Arizona, le Colorado, l’Utah et le Nouveau-Mexique. Ce point est marqué par un disque de bronze placé au centre d’une dalle de granit situé en plein désert, à l’intersection entre le 37ème parallèle nord et le 109ème méridien ouest (car si vous vous souvenez bien, beaucoup d’états des Etats-Unis sont directement délimités par les méridiens et les parallèles, ce qui est le cas des quatre précédemment cités).
Les gens ici sont beaucoup moins interloqués par notre nationalité que dans les états précédents. Voir pas du tout. En effet l’Utah, grâce à ses parcs nationaux de grande renommée, est un des endroits les plus touristiques des Etats-Unis. Ce n’est donc une surprise pour personne de voir des étrangers ici, et cela fait un moment que l’on ne nous a pas demandé : « What are you doing here ? » (« Qu’est-ce que vous faites là ? »).
La température monte à mesure que la journée avance. Serge vous l’expliquera mieux que moi dans sa vidéo, mais le thermomètre n’en a pas fini de monter… Aujourd’hui notre coureur observe beaucoup les montagnes qui nous entourent. Il essaie de deviner lequel des sommets est le plus haut. Pas évident à l’œil nu, surtout que certains se disputent le monopole de la chaîne à quelques dizaines de mètres près.
Le chemin de cette étape est un peu plus compliqué que d’habitude. Cela faisait plusieurs jours, voir semaines, que nous n’avions pas autant bifurqué dans la même journée. Aux alentours de midi nous faisons la rencontre d’un cycliste, qui descend de Salt Lake City avec plusieurs autres rouleurs, et se dirige vers le sud. Nous échangeons avec lui, et il reste stupéfait de ce que réalise Serge. Cela lui évoque d’ailleurs immédiatement le film Forrest Gump, mais il rajoute que Serge « est encore plus fort que Forrest ! ». On lui passera le message. Nous le saluons et il reprend sa route.
Aux alentours de 14h30 notre étape traverse la petite ville de Monroe. Serge est tout heureux de passer par là. Il s’y était arrêté lors de sa traversée de 1993, il y a plus de 20 ans maintenant ! Je profite de la poste locale pour acheter des timbres pour mes cartes. 1,15$ l’envoi pour la France. Soit environ 1€. Honnête, non ?
Cet après-midi nous passons la barre des 30°C sous abri. Le soleil tape dur. Je pense que depuis Atlanta c’est notre plus grosse température enregistrée. La chaleur pèse sur la ville de Monroe. Un agent de sortie d’école attend tranquillement que des enfants arrivent pour traverser, à l’ombre sous un arbre, son panneau « STOP » à la main.
Avec ce nouveau facteur « chaleur », nous devons revoir nos habitudes. Le chocolat par exemple, séjournera dans la glacière à partir de maintenant. Déjà que pendant les ravitaillements des derniers jours il fondait à vue d’œil, alors le laisser toute la journée sur la banquette arrière n’est même plus imaginable.. D’ailleurs en parlant d’aliments, « Renébuchon » innove encore une nouvelle fois en poussant la recette de la salade de fruit à son paroxysme : il y incorpore des mûres fraiches trouvées au supermarché. Miam.
Après la sortie de Monroe nous partons vers l’est pendant quelques kilomètres. La route monte tout doucement, nous donnant un aperçu du chemin parcouru ces derniers jours. D’ici on distingue très bien la vallée que nous avons suivie, délimitée par ces chaînes de montagnes de chaque côté. Superbe.
Quelques kilomètres plus loin nous redescendons sur Joseph. J’en profite pour passer à la station essence du coin, et demander quels sont tous ces toutes petites choses qui virevoltent dans le village. On me répond que c’est du coton, provenant d’arbres appelés les cotonwood. La gérante me demande ma nationalité, et est tout heureuse de me raconter que ses ancêtres sont français, et plus précisément originaires de Metz ! Elle en profite aussi pour me montrer une carte du monde accrochée dans le fond de la station, avec des centaines de punaises poinçonnées dessus. Il se trouve que tous les touristes passés ici ont laissé une indication sur leur provenance. J’en profite pour y déposer la mienne. Le Havre fait maintenant partie des villes ayant un lien avec Joseph et l’Utah.
La gérante ne sachant pas où Metz se situe, j’en profite pour lui montrer sur la carte, avant de rejoindre René dans la voiture suiveuse.
Notre étape se termine dans de superbes gorges, nous rappelant encore une fois que Grand Canyon se rapproche à grand pas. Ce soir nous dormons à Big Rock Candy Mountain, dans un tout petit motel complètement perdu au milieu des montagnes, et là encore le hasard fait bien les choses : notre cycliste rencontré en milieu de journée séjourne avec son équipe dans la chambre juste à côté de la nôtre.
A demain.

Données de la montre Epix: Garmin Connect

Parcours Vendredi 13 mai: Etape 104