E86: Lundi 25 avril // Bushnell – Altvan

72,43km – 10h07′

L’émotion est grande ce matin. Après 12 jours passés en notre compagnie, le Nebraska va devoir nous quitter. Pour ses derniers kilomètres, il nous offre une bien belle matinée : du soleil et de la douceur sur fond de jolies plaines d’herbes sèches. Je garderai un bon souvenir de cet état. Ici les gens sont sincères, parfois un brin à cheval sur les règles, mais personne ne joue de rôle. De toute façon, plus j’avance à travers ce pays et plus je me rends compte que les idées préconçues avec lesquelles je suis venu sont fausses. La France, avant de donner des leçons et de résumer les Etat-Unis aux armes, à McDonald’s et à Donald Trump, devrait peut-être un peu plus s’inspirer de l’accueil et de la gentillesse de ces gens. Non les américains ne sont pas persuadés d’être le centre du monde, non ils ne cuisent pas leur bacon à la mitraillette, et non Donald Trump ne sera pas leur nouveau président.
Enfin, on passe une bonne journée, alors on ne va pas commencer à parler politique…
Au 20ème kilomètre, nous entrons donc dans le Wyoming : stupeur. Où est passé le panneau ?
Au cas où vous n’auriez pas suivi, Serge adore les panneaux. Et précisément ceux des frontières. A chaque nouveau pays -ou nouvel état comme ici-, la question est sur toutes les lèvres : « est-ce qu’il y aura LE panneau ? ». On en viendrait presque à fonder une secte du panonceau, dont Serge en serait le grand gourou.
Pourtant en fouillant hier sur google maps, il était là. Il était censé nous attendre bien sagement au 20ème kilomètre. Je le vois encore, et il était plutôt joli en plus ! Mais ce matin plus rien. Reste seulement l’ancien poste de frontière désaffecté, et un panonceau pour le moins low-cost. Serge s’en contentera.
Le Wyoming donc, 10ème état traversé. En algonquin (langue provenant du Canada, et plus précisément de la province du Québec), Wyoming signifie « grandes prairies ». Pas très recherché, mais impossible d’être plus explicite.
Et qui dit grandes prairies, dit… petites villes !
Avec 530 000 habitants, c’est tout simplement l’état le moins peuplé des Etats-Unis. Devançant même l’Alaska ! Niveau densité de population, question d’honneur, le Wyoming n’est qu’avant-dernier, avec seulement 2,24 habitants par km2.
Comme dirait Serge : « t’as pas intérêt de te fâcher avec ton voisin, sinon t’as plus de potes ».
D’ailleurs arrêtons un peu la géopolitique et revenons à notre coureur. Je ne sais pas si c’est l’altitude qui lui fait monter sa jauge de bonne humeur, mais depuis que nous avons entamé notre lente et invisible ascension des Rocheuses, il à l’air de mieux en mieux dans ses baskets. Enfin je m’emporte peut-être un peu, car niveau pieds justement, après le petit orteil c’est maintenant au tour de celui du milieu (le tertius, pour les intimes) de lui faire des misères. Depuis deux jours Serge réclame ses deux cachets de Claradol en début d’après-midi, afin de calmer la douleur.
Notre première après-midi « Wyomingaise » (pas sûr que ça se dise, mais je le tente) se poursuit et nous montons en altitude de façon un peu plus perceptible cette fois-ci. Depuis ce matin nous longeons une route parallèle à l’interstate 80. La circulation n’est pas négligeable, mais c’est l’option la plus paisible jusqu’à Cheyenne.
En fin d’après-midi une tempête se forme un peu plus loin devant nous. Le même schéma qu’hier se reproduit alors : les nuages arrivent à toute vitesse, cachent le soleil, le vent se lève d’un coup et la dépression grossit à vue d’œil.
La mini-éolienne plantée dans un jardin juste à côté de nous commence à s’affoler. Ce haut plateau est propice aux bourrasques. Néanmoins Serge terminera son étape au sec, malgré un ciel extrêmement menaçant. A demain.

Données de la montre Epix: Garmin Connect

Parcours du mardi 26 avril: Etape 87