E419: Vendredi 23 Mars // Wang – Aichach

70,01km – 10h23′

Aujourd’hui il reste officiellement moins de 1000 kilomètres à parcourir sur ce tour du monde. Et oui, à défaut de me répéter, la fin est proche ! Et puisque nous sommes dans les chiffres, sachez que c’est aussi en cette 419ème étape que Serge va passer la barre des 600 marathons. Mais nous y reviendrons cet après-midi. En attendant, il n’est que 6h du matin et nous commençons l’étape dans une bien fraîche campagne bavaroise.

Depuis que nous sommes en Allemagne nous avançons plein ouest. Il faut dire que pendant cette dernière semaine nous n’avons pas arrêté de monter vers le nord. Les Alpes maintenant terminées, il était temps que l’on réajuste notre trajectoire vers Paris. Lorsque je regarde notre position sur le GPS, celui-ci m’indique une latitude de 48,29 degré nord. Ce qui fait que nous sommes pratiquement à la même hauteur que Brest.

Nous passons le village de Kichdorf An Der Amper. Il fait à peine 7°C et les enfants vont tranquillement à l’école en pull… soit leur sécurité sociale est excellente, soit les allemands ne craignent vraiment pas le froid…

Ludovic profite du calme matinal pour faire l’inventaire de la nourriture qu’il nous reste. Plus besoin de prévoir sur le long terme, l’important est maintenant de calculer ce qu’il est nécessaire ou non de racheter pour ces deux dernières semaines.

Etonnamment, depuis notre entrée en Allemagne nous croisons très peu de gens qui parlent anglais. Certes la Bavière n’est pas réputée pour son tourisme, mais nous ne nous attendions pas à un dialogue aussi difficile. Hier et avant-hier les gérants d’hôtels ne parlaient rien d’autre que l’allemand, et celui de Serge et Ludovic étant quelque peu rouillé…
Une fois à table on improvise, et bien souvent mimer les bruits d’animaux histoire d’être sur que l’on s’apprête bien à commander la bonne viande est la meilleure des solutions.

Dans chacun des villages, s’il y a un bâtiment qui répond toujours présent c’est bien l’église. Comme dans nos campagnes, les clochers sont nombreux et parfaitement visibles de loin. Actuellement nous sommes dans une région à grande majorité catholique (55% de pratiquants en Bavière contre 30% sur l’ensemble du pays). Elle est même considérée comme un véritable noyau de la spiritualité catholique. Ici toutes les grandes fêtes religieuses rythment le cours de l’année. Beaucoup de saints sont célébrés par des défilés où les gens se déguisent dans les rues. A Noël, chacun vit reclus chez soi, en famille, et pendant une semaine la vie s’arrête complètement. D’une manière générale, en Bavière le culte et les traditions sont très importants et respectés. Le vendredi les lieux publics, hôpitaux et cantines ne servent à manger que du poisson. Chaque fin de mois un denier du culte est prélevé sur les salaires, sauf pour ceux officiellement déclarés « sans appartenance religieuse ». La politique bavaroise est même très conservatrice, notamment en ce qui concerne l’avortement. Dans les écoles des crucifix sont même disposés sur les murs.

Mais preuve que rien n’est figé dans le temps, le parti conservateur CSU (Union chrétienne-sociale) qui a dirigé la Bavière seul pendant plus de dix législatures consécutives, à finalement perdu sa majorité absolue lors des dernières élections de 2008. Ce n’était plus arrivé depuis 1962. Rapidement la CSU et les libéraux se sont alliés afin que les conservateurs restent au pouvoir, mais il semblerait que les choses soient amenées à évoluer dans les années à venir.

L’après-midi est très calme. Nous n’aurons pas vu le soleil de la journée, et le ciel gris a l’air bien décidé à ne pas évoluer. Cela dit, tant qu’il n’y a ni pluie ni vent cela nous convient.
Parfois notre route s’enfonce dans des forêts aussi compactes que soudaines. La journée aura été très rurale et ce n’est que vers le 60ème kilomètre que nous retrouvons la nationale 300. Nous passons au-dessus puis la longeons pendant deux kilomètres pour finalement repartir en pleine cambrousse. C’est à ce moment-là que nous fêtons le passage des 600 marathons. En 118 jours, 4 heures et 12 minutes.

Sur les derniers kilomètres tout le monde est bien fatigué comme il faut. Serge traine un peu des pieds. Au loin, comme un mirage dans cet oasis de ruralité, apparaît un camping car. On y aura cru l’espace de quelques secondes, mais le véhicule passe devant nous sans s’arrêter. Non, ce n’était pas nos pigeons voyageurs. A demain !

Données de la montre Epix: Garmin Connect