70,36km – 10h52’
Bonjour à toutes et à tous.
Aujourd’hui nous attaquons notre 422ème étape. La sixième en terres allemandes et plus précisément la deuxième dans la région de Bade-Wurtemberg. Même s’il est apparemment moins riche sur le papier que la Bavière (les éboueurs n’ont plus de bras télescopiques pour saisir les poubelles, ça ne trompe pas), le Bade n’en demeure pas moins une des régions les plus compétitives d’Europe, grâce à tout un panel d’entreprises toutes installées ici. Ce land est un véritable centre de l’industrie automobile avec des sites de construction dans toutes les grosses villes. L’industrie textile, quoiqu’un peu sur le déclin, n’est elle aussi pas en reste, ainsi que la production d’électronique grand public et les entreprises de constructions mécaniques. On peut aussi rajouter l’horlogerie, qui est travaillée ici depuis longtemps, et la présence de la plus grande raffinerie allemande. Je ne vais pas vous citer toutes les entreprises représentant tous ces domaines économiques, mais croyez-moi il y a du beau monde. Rajoutez à ça un tourisme qui marche bien, avec notamment la Forêt-Noire, le lac de Constance ainsi que l’Europa Park qui reste en Europe le premier parc d’attraction en terme de superficie et le deuxième en ce qui concerne la fréquentation (derrière Dysneyland Paris bien sur).
Aujourd’hui nous reprenons notre avancée dans ce qui ressemble de plus en plus à cette fameuse « Forêt-Noire ». Nous traversons villages sur villages, tantôt perdus entre deux reliefs, tantôt perchés sur l’un d’eux. Il fait encore frais, mais le soleil augure d’une belle journée. Les premiers ravitaillements sont rythmés par les cris des oiseaux et autres rapaces et l’on profite des belles forêts environnantes. Néanmoins, ce beau tableau n’est pas représentatif de l’état de Serge. Toutes ces montées et descentes, qui pour le moment sont encore plus prononcées qu’hier, épuisent notre coureur. Au 15ème kilomètre il en a déjà marre et parle de changer le parcours de demain une fois à l’hôtel. Pour aujourd’hui il est déjà trop tard, maintenant que nous sommes engagés dans ces montagnes russes, difficile d’en sortir. D’autant qu’il faut que nous passions suffisamment au nord afin d’éviter Stuttgart, sixième plus grande ville allemande.
A voir Serge tout sourire dans ses vidéos quotidiennes, on est en droit de se demander s’il pourrait continuer à courir indéfiniment. Même si sa seule blessure aura été cet hématome lors de la remontée des Etats-Unis, le corps a quand même envoyé de gros signes de fatigue en Australie et en Namibie. Mais Serge reste le premier à banaliser son exploit auprès des gens. Notamment pas le biais de ses vidéos, où il n’aime pas se montrer en difficulté. De mémoire la seule fois où je l’ai vu se filmer tout en étant vraiment mal était dans la Death Valley, en Californie, où avec des températures extrêmes il n’avait eu d’autre choix que se montrer au bout du rouleau. Et pourtant de mes propres yeux, je l’ai vu plus d’une fois trimer pour avancer. Alors oui, depuis la Turquie il semble courir sur un petit nuage, mais ces dernières étapes européennes sont surtout facilitées par le fait qu’il y a la ligne d’arrivée au bout. Une fois que le cerveau sait que c’est bientôt terminé, les jambes suivent. Mais s’il n’y avait pas cette place du Trocadéro en forme de ruban d’arrivée, je me demande jusqu’où il irait trouver les ressources nécessaires pour avancer.
Réponse de l’intéressé ? « Je pourrais continuer comme ça sans jamais m’arrêter. »
Voilà qui a le mérite d’être clair.
L’étape d’aujourd’hui évolue au fil de la matinée, mais continue à ne pas être de tout repos. Après les montagnes russes du début de journée, le relief se tasse. Mais voilà que les pistes cyclables commencent à nous fausser compagnie, tandis que nous arrivons dans de grosses agglomérations. A l’approche de Winnenden, Serge est obligé de retourner courir sur les voies rapides, particulièrement fréquentées en ce lundi. De temps à autre des pistes pour vélo reviennent recoller la route, du coup notre coureur passe son temps à switcher entre le bitume et les pistes, se faisant au passage klaxonner par bon nombre de véhicules qui lui disent d’aller courir autre part que sur la chaussée.
Au 40ème kilomètre nous arrivons à Ludwigsbourg, la plus grosse agglomération du jour.
Malgré le bruit incessant de la circulation, c’est peut-être le moment le plus sécurisant pour Serge qui court sur de long trottoirs toute la ville durant. Mais une fois sortis de cet endroit, les problèmes reviennent à grandes enjambées. Montées, descentes, routes dangereuses, circulation : nous aurons été gâtés aujourd’hui. Autant la campagne allemande était très agréable à parcourir, autant cette zone urbaine l’est beaucoup moins. Car toute la journée nous n’aurons cessé de tourner autour de Stuttgart. Les panneaux indiquaient « Stuttgart – 20 kilomètres » ce matin, et ils indiquent toujours la même chose en fin d’après-midi. Et cet arc-de-cercle que nous avons décris au nord de la 6ème ville allemande nous aura vu traverser une succession de villes et villages faisant partie de ce qu’on appelle le « Grand Stuttgart » ou la « région de Stuttgart ». Une sorte de méga zone urbaine de 5,3 millions d’habitants, soit la 4ème plus grosse « ville-région » d’Allemagne.
Bref, vous l’aurez compris : heureusement que nous avons récupéré l’Alsace et la Lorraine, car nous avons hâte d’être enfin sur le sol français ! Bien évidemment je vous fais part de notre point de vue de suiveurs, mais celui qui doit le plus en avoir marre reste bien évidemment le coureur…
En fin d’étape nous recevons l’équipe de France 3 Haute-Normandie, qui était déjà venue nous rendre visite dans les Pyrénées. Cette fois-ci ils resteront avec nous jusqu’à jeudi. Alors attendez-vous à voir Serge dans l’édition régionale des prochains jours…
A demain.
Données de la montre Epix: Garmin Connect