67,01km – 10h07′

La Croatie nous avait déjà donné cette impression de quitter l’Europe de l’Est. La Slovénie en avait rajouté une couche. Mais avec l’Autriche c’en est définitivement terminé. Depuis que nous avons passé la frontière cette longue mue entre un style très soviétique et un autre bien plus occidental est enfin finie. Les maisons sont grandes, spacieuses et très bien entretenues. Les pelouses tondues comme si elles venaient d’être posées. Les routes impeccables et les voitures chères. Non ce ne sont pas des clichés mais bien la réalité. Bienvenue en Autriche, le pays où tout est nickel ! En tout cas c’est l’impression que nous donnent ces premiers kilomètres : une sorte de deutsche qualitat avant l’heure.

Hier nous avons parcouru 32 kilomètres et mis 40 minutes pour rallier notre hôtel. Ce matin rebelote, nous refaisons le même chemin en arrière. Ce qui fait qu’entre hier et ce matin nous avons perdu 1h20 sur la route. Et cette heure vingt est une heure vingt de sommeil en moins. Car le boulot du soir, lui, ne désenfle pas en fonction des kilomètres parcourus après et avant l’étape. Tout ça pour dire qu’on ne  se lassera jamais de partir au pied de l’hôtel…

Notre route reprend donc dans le village de Ehrenhausen. A prononcer avec l’accent s’il vous plait. Le soleil se lève rapidement et ne tarde pas à faire fondre le reste de gel déposé pendant la nuit. Encore une journée qui s’annonce anticyclonique… je ne pensais pas dire ça avant l’arrivée à Paris mais je crois bien que nous sommes bénis par les dieux de la météorologie !

Pour l’instant nous remontons l’Autriche plein nord, sur une route toujours bordée d’habitations, de stations essence et magasins en tout genre. Pas forcément très glamour, mais au moins Serge ne manque pas de trottoir où courir. Notre coureur avance bien. Son mal de ventre de la veille est passé et c’est une bonne chose à la vue des étapes à venir. Car si pour le moment nous sommes encore sur le plat pays autrichien, les reliefs vont très rapidement commencer à se dessiner. Les reliefs, que dis-je, les Alpes ! A l’ouest et au nord se profilent d’immenses montagnes dont les cimes enneigées ne manquent pas d’attirer notre attention. Serge le sait : dès demain ça va commencer à grimper.

En attendant nous arrivons dans la banlieue de Graz. Deuxième plus grosse ville autrichienne. Quelques 300 000 habitants et surtout beaucoup de voitures. Nous longeons la ville par sa périphérie, en prenant bien soin de ne pas rentrer au centre. Cet après-midi me rappelle un peu Provo, lors de notre passage en Utah. Des kilomètres et des kilomètres de magasins, restaurants, concessionnaires auto, etc. C’est à se demander comment chaque enseigne y trouve son compte, noyée dans cette zone de surconsommation. Bon celle-ci ne fait qu’une dizaine de kilomètres et est loin d’égaler les 40 bornes entre Salt Lake City et Provo (l’étape 100 si je me souviens bien). Mais tout de même.
Evidemment que ce soit pour les suiveurs ou le coureur, ce genre de zone est très pénible à passer. Difficile de se garer, beaucoup de bruits, de véhicules, bref on meurt d’envie d’en sortir. Et c’est chose fait au 50ème kilomètre.

Mais c’est alors que va commencer la grande difficulté des jours à venir : les pistes cyclables. L’Autriche est un pays tourné vers l’écologique. Une fois sorti des agglomérations les pistes cyclables sont partout. Ce pays est même connu pour être « le paradis du voyage à vélo ». On ne compte d’ailleurs plus les cyclistes croisés depuis ce matin. Ça n’arrête pas. Une excellente nouvelle pour Serge qui va pouvoir arpenter les montagnes en toute sérénité. Sauf que, lorsque le gouvernement autrichien a installé ces pistes, ils n’ont évidemment pas pensé au Run Around the Planet. Après tout, quel cycliste souhaiterait garder contact avec les voitures ? C’est donc avec des pistes qui n’en font qu’à leur tête que nous allons devoir collaborer ces prochains jours. Attention, parfois elles peuvent être très dociles et rester bien sagement le long de la route, mais elles sont aussi capables de vous fausser compagnie en un rien de temps, emportant avec elles notre coureur en soif de ravitaillements !

Ce soir la mission est donc de repérer les éventuels point de chute que nous aurons, et de réfléchir à l’agencement des ravitaillements de demain. Tout un programme.

Données de la montre Epix: Garmin Connect