E428: Dimanche 02 Avril // Gondrecourt-Aix – Varennes-en-Argonne

66,18km – 9h24’

Ce matin nous décollons de chez sa seigneurie de Luttange vers 5h. Au programme très exactement 60 kilomètres de route pour rejoindre notre point de départ. Soit une bonne cinquantaine de minutes en voiture, mais vu la manière dont David et Karine nous ont reçu, on ne regrette pas d’avoir passé deux jours ici. Merci à eux.
Afin de gagner du temps, nous empruntons l’A4. Soudain apparaît un panneau : Paris – 325km. Serge est dans la voiture de Laure, mais assurément il doit l’avoir vu. Avec en prime un petit pincement à l’estomac.

Nous redéposons notre coureur au point d’arrivée de la veille. Ce matin le brouillard est à couper au couteau et nous rappelle à quel point la tenue orange fluo de Serge peut se révéler importante… quand il y a du trafic. En attendant nous avons le droit à une petite phase hypoglycémique avant même le premier ravitaillement. On fait demi-tour vers notre coureur et on avance l’heure du café et des madeleines.

Les dimanches sont toujours très calmes. Mais alors un dimanche dans la Meuse, en pleine campagne et au milieu du brouillard : on ne risque pas d’être dérangés. Même le soleil qui est pourtant levé n’arrive pas à percer le voile brumeux. On peut observer sa parfaite sphéricité à travers le brouillard sans s’abimer la rétine.

Aujourd’hui nous approchons de Verdun. Alors c’est une journée devoir de mémoire.

Au 30ème kilomètre nous pénétrons sur le champ de bataille de cette sanglante bataille qui aura au total duré plus de 9 mois (de février à décembre 1916) et fait plus de 700 000 morts des deux côtés. Je vous passe le calcul : cela fait une moyenne de plus de 2000 morts par jour pendant 10 mois consécutifs…
A travers la forêt domaniale de Verdun les monuments en hommage aux victimes et autres héros sont nombreux. Le sol de la forêt, lui, est creusé d’innombrables impacts d’obus qui témoignent de la violence des combats. Ce terrain d’affrontement à d’ailleurs du être particulièrement périlleux tant la forêt est dense.

Nous arrivons ensuite devant la nécropole nationale de Douaumont. Cet endroit, célèbre pour ses commémorations (notamment celle où François Mitterrand et Helmut Kohl se sont pris la main), possède très exactement 16 142 tombes représentées par des croix blanches parfaitement disposées les unes par rapport aux autres. On y retrouve des français de toutes confessions : catholiques, musulmanes, juives. L’endroit réuni plus de 200 000 visiteurs par an.

Si la bataille de la Somme a été plus meurtrière que celle de Verdun, c’est pourtant cette dernière qui est considérée comme la « mère des batailles ». Car le mythe de Verdun s’est construit autour du côté inhumain et héroïque de l’affrontement, où le rôle de soldat consistait plus à survivre que combattre et où les conditions étaient dignes de celles d’un enfer. La cerise sur le gâteau étant que tout cela aura débouché sur un résultat nul symbolisant la futilité de cette guerre. En effet la France aura résisté à l’assaut allemand, mais personne ne sera sorti vainqueur de cette bataille. Une sorte de « victoire défensive ».

Au quarantième kilomètre notre route croise celle du « village Gaulois », un restaurant débordé en ce dimanche midi. Il y a même un car allemand arrêté sur le parking. S’il y a 100 ans on avait expliqué aux gens qu’en ce dimanche 2 avril 2017 des allemands viendraient par cars entiers manger chez les gaulois, nous serions passés pour des fous…

L’après-midi est, comme à son habitude, estival au possible. On enchaine les villages dont la population n’excède jamais plus d’une centaine d’habitants. La guerre a indéniablement laissé des traces dans le coin, et on a l’impression d’avancer dans un vide démographique.

Nous terminons notre étape à Varennes-en-Argonne, sorte de centre névralgique des environs : une boulangerie, une poste, un hôtel, deux restaurants et une école.
A demain.

Données de la montre Epix: Garmin Connect

Parcours du lundi 03 avril: Etape 429