E239: Dimanche 25 septembre // Tinui – Masterton

53,70km – 6h59′

Aaah, les moutons…
S’il n’y en avait pas autant ici, j’aurais comme l’impression d’être revenu en Normandie. Ou d’avoir dérivé jusqu’à Brest. Car en Nouvelle-Zélande, l’hiver se termine seulement. Et la campagne a parfois des allures de pays de Caux.
Pour cette première journée de course, la température avoisine les dix degrés (avec un pic à 12°C annoncé en milieu d’après-midi). Il crachine légèrement.
Fini la crème solaire et les lunettes de soleil, Hawaii et les Fidji semblent bien loin maintenant…
Mais la Terre ne se résume pas à une vaste île tropicale, et les changements climatiques sont inévitables lorsque l’on réalise un tour du monde. Néanmoins j’ai la sensation que la Nouvelle-Zélande est un pays qui s’apprécie aussi bien sous un ciel gris, alors je ne m’en fais pas trop.

40 kilomètres de course par jour donc, et peut-être un chouïa plus si le cœur nous en dit.
La raison ? Si Monika est encore avec nous pour les deux prochains jours, nous ne serons bientôt plus que deux, à savoir Serge et moi.
Le père et le fils. Et peut-être le saint esprit.
Les tâches quotidiennes étant toujours aussi nombreuses, mais les mains pour les accomplir un peu moins, nous voulons éviter de passer dix heures par jour sur la route, et finir la tête dans le sac tous les soirs. C’est pourquoi jusqu’à l’arrivée de Laure le samedi 1er octobre nous avancerons à un rythme plus modéré.

Ce matin donc, départ à 7h30 en voiture. Le temps n’est pas vraiment propice à tourner des images. Et pourtant, il y a toujours quelque chose à filmer sur le bord de la route…
En atteste notre première rencontre du jour : Sam, un berger des temps modernes.
A bord de son buggy, il se propose de nous emmener, Monika et moi, à la rencontre de son troupeau de moutons, qu’il s’apprête à transférer d’un champ à un autre. Les bêtes partent en courant dans tous les sens, mais sont bien encerclés par notre guide et son chien. Excellent.

Je trouve que le mouton est un animal très étrange. A moitié drôle, à moitié effrayant. Regardez de près son visage… il n’y a absolument rien de bienveillant dans ces petits yeux noirs perdus au milieu de cette tête squelettique. Et pourtant, il semble être l’animal le plus inoffensif au monde, encore plus craintif même que les vaches. Le moindre geste un peu trop brusque fait fuir des troupeaux entiers.

On dit souvent qu’il y a plus de moutons que d’habitants en Nouvelle-Zélande. Et bien c’est tout à fait vrai. Alors que la population néo-zélandaise est légèrement inférieure à 5 millions d’individus, le nombre de moutons, lui, avoisine les 36 millions. Oui 36 millions ! C’est-à-dire 8 moutons pour 1 habitant. Mais ce chiffre s’est considérablement réduit, puisqu’avant il était de 20 moutons par habitant !

Serge a réenfilé le k-way. Il trouve le temps « idéal » pour courir. C’est vrai que le soleil n’est pas au rendez-vous, mais la pluie et le vent non plus. Ce qui rend la journée très supportable. Le calme règne sur cette deuxième étape néo-zélandaise. D’ailleurs à ce propos, pourquoi « Nouvelle-Zélande » ? Qu’est-ce que nous cache cet étrange nom ?

Tout d’abord il faut savoir que cette île est l’un des derniers endroits à avoir été découvert par l’Homme. Les premiers arrivant, les Maori, ont débarqué entre 1050 et 1300 après J.-C. Soit bien après les premières colonisations des îles du Pacifique. Notamment de celles que nous venons de traverser. C’est d’ailleurs assez étonnant car ce pays est bien plus grand qu’Hawaii ou que les Fidji, mais cela s’explique par son isolement géographique. La Nouvelle-Zélande est l’un des pays les plus au sud, et par conséquent les plus proches de l’Antarctique.

Mais revenons à son étymologie. Le premier européen à avoir découvert cette île est le navigateur néerlandais Abel Tasman. Et vous n’êtes pas sans savoir qu’une région du sud-ouest des Pays-Bas s’appelle justement la « Zélande ».
A l’époque, les colons européens ne sont pas des monstres d’imagination. Et pour désigner un lieu ils préfèrent donner un suffixe façon « grandes explorations » devant un nom déjà connu. C’est pourquoi nous nous retrouvons avec beaucoup d’appellations comme la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie, New-York, la Nouvelle-Orléans, le New-Jersey, et j’en passe…

Pas le temps de dire ouf que la journée est terminée. Serge a déjà commencé à grappiller des kilomètres sur la moyenne initialement prévue, et termine son étape du jour à 51,70 km. Comme si c’était plus fort que lui.
Ce soir nous séjournons de nouveau à Masterton, et chose inhabituelle : la connexion internet est gratuite ici, mais limitée par le biais de coupons que l’on reçoit à la réception de l’hôtel. Soi-disant pour « lutter contre le piratage illégal de films ». Pas super pratique pour mettre à jour le site web…
On croise les doigts pour que tout la Nouvelle-Zélande ne soit pas montée au créneau contre le téléchargement illégal.
D’ici là, je vous souhaite une bonne nuit, et vous dit à demain pour de prochains errements informatiques.

Données de la montre Epix: Garmin Connect

Parcours du lundi 26 septembre: Etape 240