E115: Mardi 24 mai // Highway 93 (Borne 53 – Borne 8)

72,18km – 10h17′

Alamo étant la seule ville des environs à proposer des installations hôtelières, nous y séjournerons une fois de plus aujourd’hui. La difficulté étant qu’après les 24 kilomètres de trajet post-étape d’hier, nous en avons 48 à parcourir ce soir. Je comprends que cela puisse paraître peu aux yeux de certains, car ça l’était à mes yeux avant que je ne sois sur la course. Mais pourtant, lorsque Serge termine son étape, c’est une sorte de course contre la montre qui s’engage. Attention, ce n’est pas non plus digne d’un rush de restauration en plein samedi soir, mais chaque jour notre coureur doit se coucher le plus tôt possible. Afin de récupérer du mieux pour le lendemain. Avant l’arrivée de notre coureur il est donc impératif de checker les chambres, d’avoir repéré un endroit où manger (qui ne soit pas trop loin de l’hôtel pour éviter des kilomètres supplémentaires) et de décharger les véhicules dans les chambres. Alors vous en conviendrez, chaque kilomètre entre le point d’arrivée et le logement du soir est important. L’avantage de notre séjour de 48h dans cet hôtel est qu’au départ ce matin nous pouvons laisser tous nos bagages dans les chambres. Ainsi nous partons bien plus légers que d’habitude.
L’étape débute, et alors qu’hier nous n’avions pas vu un seul arbre ni une seule maison de la journée, c’est tout le contraire qui se produit ce matin. Premier kilomètre et première habitation. Des champs d’herbes apparaissent, avec des centaines de bovins qui se prélassent sous le soleil matinal. Notre route à bifurqué plein sud vers Las Vegas et cela s’en ressent grandement. Le trafic par exemple est bien plus important, même en ce début de journée.
On profite de notre première station service depuis Caliente pour faire le plein d’essence, de bananes et d’eau. Le caissier me demande si je suis venu voir les aliens. Je reste interloqué pendant quelques secondes, et lui demande de répéter. D’après-lui, les montagnes avoisinantes sont réputées pour être le théâtre d’étranges expérimentations. C’est vrai qu’en regardant d’un peu plus près, le « tourisme extraterrestre » est très présent ici. Toutes sortes de goodies à l’effigie des OVNI trônent un peu partout. Je repars pensif. Mais qu’elle est donc cette lubie locale à propos des aliens ?
C’est quelques kilomètres plus loin, dans le rayon vêtements d’un supermarché que j’obtiens ma réponse : un tee-shirt arbore le slogan « What happens in area 51, stays in area 51 ». Mais oui, bien sur ! La zone 51 ! Moi qui ai toujours eu un faible pour les histoires d’extraterrestres, je n’avais même pas idée qu’elle était là, sous mes yeux ! Enfin, plutôt derrière les montagnes.
Hier je vous parlais de ces avions passant le mur du son au-dessus de nos têtes, et qui à mon avis provenaient de cette base militaire au nord de Las Vegas. La Nellis Air Force Range. Et bien il se trouve que la fameuse Area 51 se trouve à l’intérieur de cette zone. Véritable forteresse au cœur du Nevada, cet endroit est depuis bien longtemps scruté par de nombreuses personnes, qui s’imaginent les théories les plus folles. Car si l’on en croit leurs histoires, c’est ici qu’aurait été entreposé puis étudié le matériel et l’équipage retrouvé dans l’affaire Roswell en 1947. Vous savez cette étrange histoire d’une soucoupe volante qui se serait écrasée dans le Nouveau-Mexique, et qui avait donné lieu à la dissection d’un alien filmée et retransmise à la télévision. Cet endroit serait aussi un lieu de réunion et de discussion entre les hauts dirigeants des Etats-Unis et les extraterrestres. Mais même si toutes ces histoires font vibrer beaucoup de personnes, dont la mienne je dois l’admettre, les plus plausibles concernent surtout le développement d’engins militaires top secrets, comme des armes à la technologie avancée ou des instruments de contrôles météorologiques. Quoiqu’il en soit, ce qui se passe derrière ces montagnes est définitivement bien gardé. Et à en croire les gens ayant observé les allers et venues à la base, l’activité en son sein semble importante. Car l’aéroport McCarren de Las Vegas dispose en effet d’un terminal privé, permettant à bon nombre d’appareils sans aucune identification de faire quotidiennement la navette entre l’aéroport et la Nellis Air Force Range. Seuls les pilotes avec une grande expérience sont recrutés via des annonces placées dans les journaux de Las Vegas. Ils doivent ensuite subir des enquêtes du gouvernement afin de s’assurer de leur fiabilité. Toujours selon des observateurs, le nombre de personnes se rendant par jour dans cette base avoisinerait les mille individus. Une vraie fourmilière.
Au final, même s’il s’avère que cet endroit semble être essentiellement dédié au développement technologique ultra secret de l’armée américaine, toutes ces mesures de sécurité et de confidentialité n’ont pu qu’attiser les légendes pendant toutes ces années.
Surtout que lorsque les premières recherches commencèrent en 1938, à cette époque une lumière se déplaçant vite dans le ciel était forcément considérée comme quelque chose de très intriguant. Et pourtant le développement d’avions déjà très sophistiqués avait commencé en cachette.
Au niveau du 25ème kilomètre nous repassons justement devant notre motel. Monika s’arrête ici pour aujourd’hui. La luminosité, la route, et le vent qui souffle fort sont autant d’éléments qui l’encouragent plutôt à rester à monter sa nouvelle vidéo dans sa chambre. Je continue les ravitaillements avec Bertrand pendant une dizaine de kilomètres. Le temps de voir Serge trouver une plaque d’immatriculation du Nevada sur le bord de la route. Et une de plus pour notre collection !
En début d’après-midi je laisse ma place à René, qui s’en ira finir la journée avec l’élève Plaquevent. A leur retour, ils me raconteront une fin d’étape très très calme, dans un paysage redevenu complètement vide, où ils auront pu discuter comme jamais et se remémorer de vieux souvenirs de soldats. Quadragénaires ou moins, s’abstenir.
Serge, malgré un vent de face pendant toute l’étape, rentre au motel de très bonne humeur, nous chantant même une chanson qu’il s’est inventé sur la route… On connaissait le Serge cinéaste, mais alors chanteur…
Après avoir déjeuné dehors ce matin, nous avons le plaisir de remettre ça pour le repas du soir. Quel plaisir de terminer sa journée tous ensemble sous un joli soleil couchant.
L’élève Trzcinska a bien travaillé cet après-midi, et vous offre une deuxième vidéo en deux jours. Alors, contents ?
Nous vous laissons sur ces belles images, car demain n’attend pas, et étant donné la petite cinquantaine de kilomètres nous séparant du point de départ, nous partirons plus tôt qu’à l’accoutumée.
Bonne nuit.

Données de la montre Epix: Garmin Connect

Parcours du mercredi 25 mai: Etape 116